Vittorio Matteo Corcos, Rêves (1896)
Rêves : tel est le titre de ce tableau daté de 1896, oeuvre du peintre florentin Vittorio Matteo Corcos (1859-1933). L'artiste avait étudié quatre ans à Paris pendant la Belle Époque et croisé ces jeunes femmes aux regards songeurs qu'il prit souvent pour modèles.
On aperçoit trois livres jaunes de la collection des classiques Garnier empilés sur le banc à côté de la jeune femme. Les feuilles mortes dispersées sur le sol ainsi que les accessoires estivaux, chapeau de paille et ombrelle, abandonnés sur le banc auprès des livres, suggèrent l'un des thèmes essentiels de cette composition : la fugacité de l'existence, peut-on lire dans le magnifique ouvrage illustré de Laure Adler et Stefan Bollmann, Les femmes qui lisent sont dangereuses, paru en 2006 chez Flammarion.
C'est la fin de l'été, les roses semblent fanées, la jeune femme a mûri, peut-être grâce à la lecture. La manière énergique et presque mutine avec laquelle le modèle tient la tête dressée montre en tout cas une chose : la nostalgie d'un retour à l'état d'innocence n'est pas son affaire. Le titre du tableau est trompeur : cette lectrice n'est pas une rêveuse.
Source : http://enfinlivre.blog.lemonde.fr/2010/07/18/reves/