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27 août 2014 3 27 /08 /août /2014 22:01

 

Croire au merveilleux… Névrose infantile ? Non ! Audace existentielle, celle de l’authentique sagesse, commune aux très vieux maîtres et aux tout jeunes enfants. Le merveilleux peut entrer dans nos vies. N’avons-nous pas tous connu des moments de grâce, où le hasard semble servir notre désir, où les rencontres fécondes s’enchaînent comme par magie, où l’inspiration nous est donnée au bon moment ? Où tout se passe « comme dans un conte de fées » ?

Toute notre vie peut ressembler à ces moments. La sagesse immémoriale des contes nous le rappelle : le potentiel de la vie excède infiniment nos représentations. Et si nous tentions notre chance ?
(Denis Marquet, philosophe, thérapeute et écrivain)


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Merci Opale pour l'image...



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14 juin 2014 6 14 /06 /juin /2014 18:00

http://img4.hostingpics.net/pics/823118rainette.jpg

Une pauvre veuve vivait seule avec son fils dans une misérable chaumière située tout auprès d’une grande forêt. La pauvre femme eût bien désiré envoyer son fils à l’école avec les autres enfants de son âge, mais sa misère ne le lui permettait point, et elle était obligée, chaque jour que Dieu faisait, de dire à son enfant d’aller par les taillis et par les buissons de la forêt pour y faire un fagot. Le bois que son fils Guillaume rapportait était mis en deux parts : la plus grosse était vendue aux gens riches du village, et les petites branches et les brindilles restaient à la maison pour faire bouillir la marmite, en été, et chauffer la chaumière, en hiver.

Un jour, le petit garçon était allé à la forêt à son habitude. Il avait recueilli beaucoup de bois mort, et son fagot était déjà bien gros, quand il entendit de petits cris perçants dans le sentier voisin.

« Qu’est-ce donc, se dit Guillaume, quelque pauvre animal se trouve ici en danger ? »
Et l’enfant courut aussitôt dans le sentier. Un gros renard venait de prendre une jolie petite grenouille verte, et il allait l’avaler, quand Guillaume parut. Le courageux enfant courut sus au renard et le força de lâcher la rainette verte.
« Oh ! le joli animal ! s’écria le fils de la veuve. Je vais le remporter à la maison. »

Il prit délicatement la grenouille, la mit dans sa poche, et, son fagot sur la tête, revint à la maison.
« Mère, vois donc la belle rainette que J’ai trouvée dans la forêt. Je vais la mettre dans un grand vase rempli d’eau, si tu me le permets.
- Que veux-tu faire de cette grenouille, Guillaume ? Tu en trouveras de pareilles par toute la forêt.
- C’est vrai, mais ce ne sera pas celle-ci. »

Et le petit garçon raconta comment il avait sauvé la rainette.
« Alors, garde-la ; mais prends-en bien soin ; il ne serait pas juste de la retenir ici pour la faire mourir. »

A partir de ce jour, l’aisance revint dans la maison de la veuve ; ce fut une grosse bourse qu’elle trouva dans son armoire sans pouvoir connaître qui l’y avait mise, puis un héritage qui lui échut, de sorte que la bonne femme put envoyer son fils à l’école du village, puis à celle de la ville. Et bientôt l’enfant devint si instruit, si instruit, qu’ayant voyagé par toute l’Allemagne et par toute la France, il ne put rencontrer personne en état de lutter avec lui pour le savoir. Vous jugez si sa mère était heureuse, et bien souvent elle répétait à ses voisines du village :
« La grenouille verte trouvée par mon fils dans la forêt doit être la cause de tout le bonheur qui nous arrive. »
Aussi elle aimait beaucoup la petite rainette et elle en avait le plus grand soin.

 

Un beau jour, le jeune savant revint de son voyage. Après avoir embrassé sa mère, il voulut voir la grenouille verte.
« Gentille petite bête, lui dit-il, je te remercie de tout ce que tu as fait pour ma mère et pour moi. Je veux que tout à l’heure tu te mettes à la place d’honneur et que tu dînes avec nous. »
La rainette se mit à sauter et à danser, comme si elle avait compris le langage de Guillaume.
Puis, lorsque le dîner fut servi, elle sortit de son gîte et vint s’asseoir sur le fauteuil qui lui était destiné.

 

Mais voilà que tout à coup la grenouille se changea en une jeune fille de toute beauté, aux grands yeux bleus et aux longs cheveux blonds flottant sur les épaules. Jamais il n’avait été donné au jeune savant de voir réunies autant de perfections dans une fille terrestre. L’adorable créature lui dit au bout d’un instant :
« Je suis l’une des fées de la forêt. Je t’avais bien souvent remarqué cherchant du bois mort par les taillis et les buissons, et j’avais admiré ton courage et ton ardeur au travail. Je te voulais du bien, et c’est pour cela que j’ai pris la forme d’une grenouille afin de pouvoir éprouver ton coeur. L’épreuve t’a été favorable et tu es digne de tout ce que j’ai fait pour toi et pour ta mère ; car c’est moi qui avais placé la bourse dans le bahut, c’est encore moi qui vous envoyai l’argent donné comme héritage d’un parent défunt, et c’est moi aussi qui t’ai donné l’esprit de sagesse et de science. Maintenant, j’ai une demande à te faire : je t’aime, veux-tu m’épouser ?
- Belle fée, certes, je voudrais vous prendre pour ma femme, mais nous avons dépensé notre petite fortune pour mon instruction et mes voyages, et il ne nous reste presque rien. Je ne voudrais pas vous rendre misérable.
- Ce n’est que cela qui te retient ? Vois mon pouvoir ! »

Et la fée, saisissant une poignée de fèves placées près de là dans un sac, les changea en beaux louis tout neufs.

 

Le jeune savant était décidé, et, huit jours après, on célébrait ses noces dans l’église du village voisin.
Grand fut son étonnement, à son retour de la messe, de voir un château merveilleux à la place de la chaumière qu’il avait quittée le matin. C’était encore la fée, sa femme, qui, par sa puissance, avait élevé en si peu de temps le palais splendide où depuis elle vécut heureuse avec son mari pendant de longues années.

 

(Henry Carnoy, Contes français, 1885)


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27 mai 2014 2 27 /05 /mai /2014 18:00

Erutan / Kate Covington, Album Raindancer

Song inspired by the tree sprites of Celtic Mythology

 

 

Merci Alicia Maria ! http://img15.hostingpics.net/pics/618839minismack.gif

 

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16 janvier 2014 4 16 /01 /janvier /2014 19:00

 

Aujourd’hui, ce ne sera pas un conte ni une légende mais une nouvelle ...

C’est un sympathique Twittos nouvelliste, répondant au pseudo sulfureux de @diableetange, qui en est l’auteur et qui a eu la gentillesse de me donner son feu vert pour la publier ici.

 

Les anges l’emportent 

Il lui arrivait parfois de venir sur Terre. Bien entendu, les missions pour démons des cercles inférieurs étaient indignes de lui mais il aimait répandre personnellement le mal parmi les humains.


Sous les traits d’un homme quelconque, Satan se téléporta ce jour-là dans une petite ville du Canada prise au hasard sur un globe terrestre. La victime choisie par ses envoyés permanents était une jeune femme.

 

Il la trouva très vite, elle descendait de sa moto garée juste devant chez elle. Elle retira son casque et laissa s ‘échapper une magnifique chevelure rousse. Certes, sa beauté et son allure étaient extraordinaires mais ce n’était pas cela qui le troubla au premier regard.

 

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S’approchant d’elle lentement, il ressentit une sensation qu’il n’avait jamais éprouvée depuis deux mille ans. Inquiet, il dégagea à tout hasard une onde de protection pour parer à toute éventualité.

L’onde ne partit pas. Une deuxième tentative fut un deuxième échec.

Il tenta d’autres sortilèges et pouvoirs mineurs sans plus de succès.

Il n’était plus qu’à une dizaine de mètres de la jeune femme maintenant et l’inquiétude commençait à l’envahir. La colère aussi : comment lui, le grand Satan, sans aucun pouvoir, réduit à l’état de simple mortel ?


Il avait renoncé au départ à ses pouvoirs supérieurs afin de ne pas attirer l’attention des passants mais l’heure était grave et il n’avait plus le choix.

Là non plus, pas de résultat…


« Bonjour ! »


Elle l’avait abordé spontanément comme si elle le connaissait. Son trouble augmenta.


« Nous sommes-nous déjà rencontrés ? » demanda-t-il.


Elle lui lança un regard plein de malice qui le désarma.


« Non, mais je sais que vous êtes venu me chercher, n’est-ce pas ? »


Là, le doute n’était plus permis, cette femme avait une origine surnaturelle. Mais qui l’avait envoyée à sa rencontre et surtout qui était assez puissant pour lui ôter ses pouvoirs à lui, Satan ?

 

La jeune femme le regarda fixement et ses yeux plongèrent dans les siens. Il sut dès cet instant qu’il fallait fuir car cette femme le mènerait à sa perte. Il était venu pour l’emmener avec lui dans les contrées infernales mais il savait que s’il y parvenait, il détruirait son essence même. Il eut un geste de recul afin de s’éloigner mais elle lui prit prestement la main.

 

« Je suis prête ! Allons-y ! » dit-elle avec un sourire.

 

« Mais qui êtes vous et comment m’avez vous rendu ainsi ? » demanda-t-il déboussolé.

 

Il sentait confusément qu’il ne pourrait plus jamais quitter cette femme.

 

Elle reprit :

 

« Je m’appelle Manon, et ma mission d’ange est de faire disparaître le mal de la surface de la Terre. Et j’ai donc décidé de m’attaquer au diable en personne. »

 

Il gloussa :

 

« Ha ha ha, d’autres ont essayé et brûlent sur mes terres pour l’éternité !!! »

 

Devant son sourire malicieux, il frissonna.

 

Il est un fait que la tâche est ardue mais pas impossible, en effet il suffisait tout simplement de rendre le diable amoureux…

 

(LH)

 


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14 novembre 2013 4 14 /11 /novembre /2013 19:00

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Solenn Hart, Désirés

 

Suite :

 

Toute la nuit, le soleil du vin circula à la lumière des bougies. Toute la nuit, l’œil égaré de l’esclave resta attaché au visage de la princesse. Toute la nuit, elle lui fit l’amour avec ardeur et en pleurant.

 

L’esclave resta dans cette sorte de vision physique jusqu’à l’aurore. Alors, dans une dernière coupe de vin, une nouvelle drogue l’endormit, on lui enleva ses vêtements d’amour, on le ramena dans le logement des esclaves où il était auparavant.

 

A son réveil, il poussa un cri de peur. Les autres esclaves s’en étonnèrent.

 

- Où sommes-nous ? s’écria-t-il.

- Comment ça, où sommes-nous ?

- Que s’est-il passé ? Aidez-moi !

- La nuit est finie. A quoi bon crier ? De quoi as-tu peur ?

- Ce que j’ai vu, personne ne le verra, personne !

- Qu’est-ce que tu as vu ? Raconte-nous !

 

L’esclave, qui sentait encore sur ses bras quelques souvenirs des parfums de la nuit, essaya de raconter son aventure exceptionnelle. Mais les mots précis, déjà, lui manquaient. Il ne savait que balbutier :

 

- Je ne peux rien vous dire … Je suis déconcerté … Ce que j’ai vu, je l’ai vu dans un autre corps. Je n’ai rien entendu, quoique j’aie tout entendu … Je n’ai rien vu, quoique j’aie tout vu.

- Tu as rêvé ! dit un autre esclave.

- Je ne sais pas si j’ai rêvé. Je ne sais pas si j’étais ivre.

 

En disant ces mots, l’esclave se leva et se dirigea vers la porte. Ses compagnons lui demandèrent :

 

- Où vas-tu ?

- Je ne sais pas où je vais. Mais je dois partir. Je dois partir.

 

Il n’avait pas le droit de quitter le palais et le service du prince. Néanmoins personne ne l’arrêta quand il traversa la cour et franchit la porte principale. Peut-être la princesse avait-elle donné, aux gardes du matin, quelques ordres secrets.

 

Il disparut dans la campagne. Il marcha longtemps, il passa le reste de sa vie à marcher de pays en pays. Les voyageurs qui le rencontrèrent le décrivirent comme « un homme stupéfait ». Il parlait du temps « où il était vivant » , ajoutant qu’il avait passé une nuit entière près d’une princesse dont rien n’égalait la perfection.

 

- Je l’ai vue, et je ne l’ai pas vue, disait-il. Je l’ai touchée, et je ne l’ai pas touchée. Je l’ai aimée, et je ne l’ai pas aimée. Rien dans le monde n’est plus étonnant qu’une chose qui n’est ni claire, ni obscure.

 

C’était tout ce qu’on pouvait entendre de sa bouche. Il allait, fidèle au même délire. Il ne savait même plus ce qu’il cherchait.

 

(Conte perse)


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13 novembre 2013 3 13 /11 /novembre /2013 19:00

 

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Au cours d’une promenade, une princesse de haut rang aperçut un esclave d’une beauté extraordinaire. A cet instant son cœur lui échappa et le désir lui fit tout oublier.

 

Une habile servante, qui l’accompagnait, en toute place, remarqua ce trouble soudain et en demanda la raison.

 

- L’amour me domine, dit la princesse. Je suis sans volonté, sans résistance. Tu me vois prête à renoncer à mon honneur et à ma vie.

- L’amour d’un esclave ? demanda la servante.

- Je sais. Tout m’interdit de me mettre en rapport avec lui. Mais la vue de cet homme m’a brûlée. Si je ne lui parle pas, je mourrai dans les gémissements.

- Que voudrais-tu exactement ?

 

La princesse réfléchit un instant et répondit :

 

- Je voudrais jouir de sa présence, mais sans qu’il en ait connaissance.

- Nous te l’amènerons cette nuit en cachette, dit la servante, et lui-même n’en saura rien.

 

La nuit venue, la servante s’habilla agréablement, se parfuma et se rendit auprès de l’esclave comme pour se divertir avec lui. La voyant jeune et désirable, l’esclave la fit asseoir auprès de lui. Elle lui demanda deux coupes de vin, qu’il lui servit. Elle versa dans la coupe de l’esclave une poudre narcotique qu’il avala sans y prendre garde. Il perdit bientôt le sentiment. Deux hommes surgirent et le transportèrent secrètement devant la princesse. On le baigna, on le vêtit de soie, on lui mit des perles sur la tête, on l’assit sur un trône d’or.

 

A minuit, il ouvrit les yeux. Regardant avec étonnement autour de lui, tandis que s’élevait une invisible musique de nuit, il demanda :

 

- Où suis-je ? Quel est ce palais ? D’où viennent ces tapis ? Ces bougies parfumées d’ambre ? Cette musique ?

 

La princesse entra à ce moment-là. Elle s’approcha de lui, le prit dans ses bras.

 

- Je suis stupéfait, dit l’esclave. Je n’ai plus ni raison, ni vie. Je ne suis plus dans ce monde et cependant je ne suis plus dans l’autre.

 

La princesse ouvrit ses lèvres délicates, montra ses dents parfaites et demanda :

 

- As-tu soif ?

- Une soif ardente.

- Voici du vin.

 

Elle lui offrit une coupe de vin frais, qui avait le parfum des fleurs nocturnes.

   

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(La suite demain soir ...)


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6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 19:00

 

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Ryoto, jeune moine bouddhiste, se plaint de ne pouvoir tenir sa pensée en repos. Elle saute sans cesse, comme un cabri ...
« Ou comme un éléphant sauvage », dit le vieux maître zen.

 

Ryoto, voyant pétiller l’œil de son maître, devine qu'il va lui conter une histoire, et il s'assied à ses pieds à l'ombre du bananier.

 

Renki est un éléphant sauvage, que l'on captura à l'âge de trois ans. Un beau mâle à la robe gris clair sans défaut, des défenses longues, minces et pointues, des oreilles en forme triangulaire parfaite. Son maître, un marchand d'éléphants dressés, espérait le vendre un bon prix au seigneur du royaume.

 

On attacha Renki à un piquet, au bout d'une corde très solide. Le jeune éléphant se mit à se débattre avec énergie, avec furie, il ruait, piétinait sauvagement la terre sous ses lourdes pattes, barrissait à fendre l'âme. Mais le piquet était bien enfoncé, et la corde épaisse. Renki ne pouvait se débarrasser ni de l'un ni de l'autre. Alors il entra en rage, désespéré, mordant l'air, levant la trompe, barrissant lamentablement vers le ciel. Il s'épuisait en efforts et en cris. Quand brusquement, un matin, Renki se calma, il ne tira plus sur la corde, ne maltraita plus le sol de ses quatre pattes, ne fit plus trembler le voisinage de ses barrissements.

 

Alors le maître le détacha. Il put aller d'un endroit à l'autre, portant un baril d'eau, saluant chacun, rendant service à la communauté. Il fut heureux et libre.

 

« Ta pensée est comme un éléphant sauvage », dit le vieux maître à son disciple. « Elle prend peur, saute en tous sens, et barrit aux quatre vents. Ton « attention» est la corde, et « l'objet choisi de ta méditation », le piquet enfoncé dans le sol. Calme ta pensée, apprivoise-la, maîtrise-la, et tu connaîtras le secret de la vraie liberté. »

 

(Henri Brunel, Les plus beaux contes zen)

 

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11 juillet 2013 4 11 /07 /juillet /2013 22:01

 

Suite :

 

Chez Petit-furet, les hommes sont pêcheurs de père en fils, depuis des générations. Et le soir à la veillée, les grands-pères racontent aux enfants la légende de l’amphigourig. Une sorte de géant, d’ogre qui vit au fond des mers et que nul ne voit jamais. Un jour, il y a de cela des siècles, un ancêtre Furet a trouvé un amphigourig échoué sur la plage. Au lieu de le dépecer, il a fait venir toute la famille pour le remettre à l’eau.


"S’il vous arrive d’en remonter un au bout de votre ligne, faudra pas avoir peur, avait conclu le grand-père. Il y a un pacte d’amitié entre eux et nous, les Furets !"

Ne pas avoir peur. Petit-Furet aimerait bien que son grand-père soit là ! Parce qu’un amphigourig, c’est plus qu’impressionnant !
Imaginez : une énorme tête couverte d’écailles vertes et bleues, des grands yeux noirs et une sorte d’antenne flexible au sommet du crâne … Dans l’eau transparente, Petit-Furet devine des nageoires, mais aussi comme des milliers de pattes qui s’agitent. L’amphigourig, ça tient du dragon, du serpent de mer, de la pieuvre et du scolopendre géant. Bref, c’est indescriptible !


Petit-Furet fait face à la bête. Celle-ci a posé délicatement les premières rangées de ses pattes à ventouses sur le bord du canot et dévisage le garçon de ses yeux sombres.

- Je m’appelle Petit-Furet, de la famille Furet, tu sais … balbutie l’enfant. On a signé un pacte d’amitié toi et nous !


L’amphigourig remue sa tête fantastique, comme s’il comprenait. Son antenne frontale, semblable à un bouquet, s’incline vers Petit-Furet et le caresse. Le garçon n’a plus peur du tout. Et pourtant, d’un seul coup de sa formidable mâchoire, l’animal pourrait les engloutir, son bateau et lui …


La mer alentour est parfaitement lisse, tel un lac par une eau soir d’été. Nul bruit, nul voile, le ciel est comme figé. Et cela dure, dure. Combien de temps au juste ? Dix minutes, deux heures, ou plus … Et puis, brusquement, l’amphigourig ouvre toute grande sa gueule prodigieuse. Il se contracte, régurgite le peau-bleue et le pousse vers le bateau. Petit-Furet amarre le grand poisson le long de la coque.
Une dernière fois, l’amphigourig fixe Petit-Furet, et, doucement, tout doucement, il s’enfonce dans les flots. Petit-Furet se sent soudain bien seul.

Il finit par rentrer chez lui, remorquant son énorme prise. Tous les gens du port sont là et le regardent arriver, s’extasiant qu’un si petit garçon ait pris un si gros poisson !

Quand on ouvre le ventre du peau-bleue, on trouve la raie-manta, puis le congre géant, puis la roussette, puis la vieille et enfin, le petit éperlan brillant, tout ce beau monde dans un remarquable état de fraîcheur.


- Jamais, non jamais on a vu ça ! murmurent les pêcheurs.


Petit-Furet pourrait leur dire la vérité, leur parler de l’amphigourig. Pourtant, il se tait. "L’heure n’est pas venue", pense-t-il.

Plus tard, bien plus tard, lorsqu’il sera vieux et que ses petits enfants grimperont sur ses genoux, peut-être à son tour racontera-t-il l’histoire de l’animal fabuleux, de celui que l’on appelle "l’ogre des mers", et qui protége la famille Furet depuis le début des temps !

 

(Yvon Mauffret, L’ogre des mers, Editions Hatier-La courte échelle)

 

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10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 22:01

 

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"Maman, je vais à la pêche !" dit Petit-furet.


Le voilà parti. Il fait un temps splendide, la mer toute proche est plate comme une limande. Petit-furet embarque à bord de "L’Archiduc" (un bateau, même petit, a le droit de s’appeler comme ça) et appareille. Il ne va pas bien loin. Là, juste sous la balise, il sait qu’il y a un haut-fond très poissonneux.
Il jette l’ancre, met un ver au bout de sa ligne, balance le tout à l’eau, puis, comme tous les pêcheurs du monde, il attend !

Dix minutes, un quart d’heure se passe. Ça n’a pas l’air de mordre en bas ! Il fait de plus en plus chaud, la mer miroite au soleil. Petit-furet bâille, bâille encore, pique une tête, se reprend, repique une tête … Cette fois, Petit-furet s’est endormi ! En bas, sous la mer, il fait frais, et personne ne dort. Au contraire, ça grouille de vie !
Le beau ver que le garçon a fixé au bout de sa ligne se tortille au gré du courant. On dirait qu’il vit encore. Les habitants du coin le regardent avec un intérêt croissant.


- Hum ! ça a l’air bon, dit un petit éperlan brillant. Et hop ! Il avale le ver.

Là-haut, il y a un petit choc dans la ligne que Petit-furet s’est enroulé autour du poignet. Mais il dort trop bien !
L’éperlan tournicote autour de l’hameçon. Passe alors une vieille (non, pas une vieille dame, mais un poisson qui s’appelle ainsi). Elle se sent en appétit et sans faire de manières, elle gobe l’éperlan et l’hameçon par la même occasion.
Là-haut, la ligne tire un peu plus. Petit-furet ne s’en rend pas compte.


En bas, les choses se précipitent. En effet, à cet instant précis, la marée, les courants, la chaleur de l’eau mettent lez poissons en appétit.
Une roussette tachetée aperçoit la vieille. "Elle est pleine d’arêtes se dit-elle, mais j’ai faim moi !"
Et voilà la vieille dans l’estomac de la roussette. Là-haut, Petit-furet rêve qu’il attrape le plus gros poisson du monde.


Sous la mer, l’infernale ronde continue, puisque la nature veut que les gros mangent les petits. Un énorme congre tout noir est sorti de son trou. Il a vu la roussette à portée de ses dents. Un congre ne réfléchit pas, il mange … La roussette disparaît dans la mâchoire béante.


Il n’y a pas de raison pour que ça s’arrête : une raie-manta qui passe par-là englouti le congre, puis un peau-bleue dévore la raie-manta.
Attention, un peau-bleue n’est pas un vulgaire poisson : plus gros que lui, restent seulement les baleines, les cachalots … et ces énormes cétacés rôdent rarement près des balises, à quelque cent mètres d’une plage !
Et pourtant, sous la mer, voici que plane un grand silence. Comme si le monde sous-marin attendait quelque chose ou quelqu’un. Les bernicles s’incrustent à leur rocher, les moules cessent de bâiller, les anémones replient leurs pétales. D’un seul coup, toute vie s’arrête.


À la surface, Petit-furet se réveille, un peu perdu après avoir tant dormi. Il s’étire, se frotte les yeux …


- Ma ligne … Il tire … Rien ne vient.

- J’ai dû accrocher un rocher durant mon sommeil.


Il s’apprête à abandonner … Lorsque tout à coup … La ligne se fait toute molle. Petit-furet la ramène vers lui aussi vite que possible. Ses yeux s’écarquillent, sa bouche s’arrondit …
 - C’est pas vrai, j’ai pêché un amphigourig !

 

(Suite demain)


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7 mai 2013 2 07 /05 /mai /2013 18:00

 

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Oxana Zaika, Chat printemps, 2006

 

 

Autrefois, il existait un pays lointain qui ne connaissait pas les beaux jours : ni le soleil, ni les fleurs ne venaient l’égayer. Partout, ce n’était que paysages glacés, enfoncés dans les brumes et battus par des vents impitoyables. La vie dans cette contrée était rude et morne.

Le chat n’était alors qu’un animal sauvage ne connaissant pas encore la compagnie de l’homme. Il vivait misérablement de sa chasse ; le menu gibier qu’il rencontrait était maigre et sans intérêt.


Un jour, alors que l’animal parcourait les chemins à la recherche d'une maigre pitance, le hasard lui fit rencontrer le roi Crapaud. Celui-ci, comme à l'accoutumée, était de fort méchante humeur : 
« Où cours-tu ? Ne vois-tu pas que tu as pénétré mon domaine, sans invitation ? »
Le matou que la jeunesse aveuglait, ricana et ne jugea pas utile de s’excuser : à quoi bon ? pensa-t-il, ce vieux grincheux m’ennuie ! Mais c’était sans compter avec le courroux du roi …
Ce dernier grossit, s’enfla jusqu’à atteindre une taille monstrueuse; de crapaud ordinaire, il devint un monstre vert terrifiant et baveux.
« Chat, il est temps que tu apprennes les bonnes manières ! rugit-il. Tous mes sujets me doivent le respect. Pour ta peine, je te chasse de ce pays ! »

 

A ces mots, le chat battit en retraite devant le monstre hideux, mais il ajouta, téméraire : 

"Pas pour longtemps ! Je pars, mais je reviendrai un jour et TOUT changera dans ce pays, j’en fais le serment !"

C’est ainsi que l’animal quitta son pays natal, lui qui n’avait jamais voyagé plus loin que La Grande Forêt …
 

Après avoir erré longtemps, il rencontra une oie cendrée qui prenait un peu de repos :

- Où vas-tu ? Tu sembles las et affamé ? l’interrogea l’oie. 
- Je cherche un pays où le gibier est si abondant que je pourrais manger pendant des jours, sans m’arrêter ! Un pays si doux que je pourrais dormir la nuit, sous un arbre, sans grelotter !
- Cela existe …

Et devant l’incrédulité du chat, elle ajouta :

- Je t’y emmène, si tu le souhaites …
Et ce qui fut dit, fut fait.
 

L’oie cendrée prit son envol, le matou sur le dos. Bien vite, ils laissèrent derrière eux les bois et les lacs qui devinrent minuscules et ridicules. Ils étaient cernés maintenant par de nombreux nuages. Puis, tout à coup, il y eut une éclaircie : la lumière devint aveuglante, irréelle !
L’oie entama aussitôt, une lente descente, et peu à peu, le chat  découvrit un paysage magnifique. Quand il posa enfin une patte sur le sol, il n’en crut pas ses yeux : sur le tapis vert où ils avaient atterri, une multitude de clochettes colorées pointaient le bout de leur nez. Les arbres étaient décorés de ce qui lui sembla être des petites larmes vert pâle, ravissantes et fragiles. 
« Je te laisse, dit l’oie cendrée… Je reviendrai dans quelques mois. D’ici-là, amuse-toi bien ! » Et elle repartit, le laissant seul.
Le chat se sentit alors tellement heureux sous la bienfaisante chaleur du soleil, qu’il s’endormit paisiblement au pied d’un chêne moussu.
Puis le temps passa. Le chat vécut dès lors dans une douce quiétude car il n’avait pas à se soucier du lendemain. 

Il fit la connaissance des hommes. Il se laissa même apprivoiser par un tout petit garçon et le suivit partout, au cours de ses promenades … Mais cela est une autre histoire !
 

Cependant, il n’oubliait pas sa promesse, celle de tout changer chez lui pour défier le roi Crapaud … Mais comment ?
C’est l’oie cendrée, à son retour,  qui lui donna une partie de la réponse :
« Rentre chez toi, tu portes sur tes poils, sans le savoir, de quoi transformer ton pays ! Emmène avec toi quelques abeilles, et des papillons; ils t’aideront dans la réalisation de ton projet … »
 

Bien plus tard, le chat comprit ce que l’oiseau avait voulu lui dire … Au cours de ses flâneries avec l'enfant d'homme, de minuscules graines s’étaient agrippées à sa fourrure. De retour dans son pays, elles s’éparpillèrent un peu partout … Et comme par magie, des plantes merveilleuses, des arbres au beau feuillage y poussèrent. 

Les abeilles butinèrent de ci, delà,  les papillons multicolores dansèrent une sarabande légère et joyeuse et tous contribuèrent ainsi à la naissance du nouveau monde. Les animaux qui avaient déserté l’endroit autrefois revinrent sans tarder. Et le soleil qui ne voulait pas être oublié, fit alors des apparitions nombreuses et de plus en plus longues, à la grande joie de tous !
 

 

C’est ainsi qu’un chat fit le printemps.


Quant au roi Crapaud, dépité par toute cette énergie dans son royaume, il partit sous d’autres cieux, plus tristes, plus sombres, à l’image de sa méchante humeur.

 

(Jocelyne Marque)

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