Le repas s’achève, deux heures sonnent à l’église du coin de la rue, la flemme monte lentement le long du corps. C’est un de ces jours miraculeux où l’on n’a pas à retourner au travail après le déjeuner, jour férié, sabbat ou repos dominical. Le lit est là, tout près, qui vous tend les draps. Vous cédez à la position horizontale. La tête sur l’oreiller moelleux, vous voyez des images défiler, en douceur. Contrairement à la nuit où le sommeil vous happe tout entière, vous entraînant dans les bas-fonds de l’inconscient, l’assoupissement de l’après-midi est celui qui donne le sentiment de pouvoir maîtriser ses rêves. Avec douceur, vous orientez vos pensées vers des sensations agréables en les sentant peu à peu vous échapper. Dans une demi-conscience, vous vous dites Je suis en train de m’endormir. C’est délicieux, les images sont plus nettes, à fleur d’esprit, parfois même, elles racontent une histoire. Très brève. Au bout de quelques minutes, un vague sursaut vous alerte. Il est temps de revenir à la réalité. Vous vous relevez, fraîche, avec cette sensation du repos accompli, et riche d’un petit morceau de conte qui s’est écrit à votre insu durant ce léger voyage. C’est à cet instant que vous pouvez remercier le hasard : cette sieste miraculeuse vient de vous offrir une idée romanesque. (Stéphanie Janicot)
J'adore ce tableau de Frederick Arthur Bridgman (The Siesta).