Rire, chanter, aimer – sont des actes puissants, dionysiaques, expressions d’une vie authentique. La douceur implique le corps, c’est-à-dire l’idée et la sensibilité d’un corps que la douceur aurait éduqué, élevé, anobli. Sa puissance distillée par les sens.
La douceur ne se possède pas. On lui fait hospitalité. Elle était là, aussi discrète et nécessaire et vitale qu’un battement de cœur. Sa puissance charnelle va de la volupté à la plus légère pression de la main, elle est pensée quand elle touche et touchée quand elle est intelligence.
La douceur ne fixe aucun endroit du corps, elle est venue depuis la naissance là où l’on respire, elle accompagne les rêves et rejoint leur révolte secrète, elle ne se révèle jamais qu’après coup, dans la sensation qu’elle laisse au sommeil.
Aucun événement de ce monde ne lui est étranger, car elle porte la responsabilité du vivant. Sans douceur pas d’être au monde humain. Aucune traduction autre que violente.
La douceur ressemble à un vœu d’enfant. A cette promesse chuchotée : je serai toujours près de toi.
(Anne Dufourmantelle, Puissance de la douceur)